Novembre arrive, je suis à mon compte, le travail ne vient pas mais ma perte d’enthousiasme pour mon emploi se reflète très clairement dans la somme de travail que je ne reçois pas. J’ai prié pour une réponse et de la clarté et boum: le puits de travail s’assèche quasi immédiatement.
Au fond de moi, je sais très bien que quelque chose doit changer car je ne peux continuer à faire un travail qui me stresse autant et auquel je ne sens plus que je peux contribuer ou apprendre quelque chose (je suis professeur de français au Royaume Uni et nos conditions de travail sont assez difficiles dans ce pays).
Le contre coup est financier mais ne pas faire ce que je n’aime plus faire dans les conditions qui existent aujourd’hui me donne beaucoup plus d’énergie qu’un virement bancaire mensuel. C’est un fait.
Cependant, la réalité des factures et des fêtes qui s’approchent est bien présente et je me sens au bord du vide alors je me pose et je me dis: “Tu as deux choix : tu peux tomber, pleurer, regretter de ne plus avoir tout cet argent même avec le stress et retourner faire ce qui te brise l’âme ou bien tu peux apprécier le fait d’être encore en vie, en bonne santé, avec un toit sur la tête, une famille qui va bien…et reprendre ce que tu aimes tant, c’est-à-dire, faire de l’ART.”
Pour bon nombre (et pour moi, par le passé), l’Art n’était produit que par des artistes, qui étaient des êtres d’une autre galaxie ayant une capacité exceptionnelle à peindre, dessiner, sculpter, danser ou jouer d’un instrument. Avec le temps, j’ai compris que tout pouvait être de l’ART: peinture, sculpture, dessin, danse, musique, cuisine (vous avez déjà vu certains desserts? Wahou, du vrai Art!), jardinage, couture, écriture, activités manuelles, gestion des gens difficiles…: TOUT peut être Art. Tout cela l’est devenu pour moi et pour m’éviter de sombrer dans la déprime, j’ai décidé de faire de l’Art de TOUT. Ma cuisine, mon salon, ma chambre…sont tous devenus des ateliers où développer mon Art. Certes, les résultats ont été variables mais comme je ne rêvais pas de remporter un prix, la pression était levée et l’artiste en moi a enfin pu s’exprimer.
Le manque d’argent ne devant jamais signifier un manque d’idées ou d’enthousiasme, je me suis remise à repenser à comment utiliser au mieux ce que j’avais. Comme je suis dans une phase de désencombrement de mon espace physique et mental, je suis allée voir ce que j’avais sous la main et qui pouvait me servir à faire de l’ART.
Ta-daaa!!! Ma cuisine possédait de la farine, du cacao en poudre, du beurre, des œufs… d’où sont nés des gâteaux esthétiquement douteux mais au goût délicieux qui m’ont fait dire que je venais de créer de l’Art invisible.
Mon grenier cachait des pelotes de laine, du fil, et mon armoire, de vieux rideaux inutilisables en tant que tels et de vieux vêtements pas assez bons pour être donnés à des œuvres caritatives mais recyclables pour la maison. Ainsi j’ai crée des sacs de shopping, des serviettes pour essuyer la table et faire les poussières…
Finalement, ma situation m’offrait du temps, beaucoup de temps libre alors j’en ai profité pour, entre-autre, apprendre le crochet (Merci Youtube!) et faire décorations et cadeaux de Noël moi-même.
J’ai soudainement transformé mon temps à ne pas gagner de l’argent (ou du stress!) en une opportunité pour apprendre une nouvelle compétence et à utiliser au mieux ce que j’avais à portée de main. Comme on dit en anglais, c’était “win win!” (“100% bénef!” ).
D’un coup:
- je sauve la planète de déchets liés à l’industrie de la mode, un vêtement et un rideau à la fois,
- j’utilise ce que j’ai déjà donc je minimise le gaspillage et j’économise de l’argent,
- je me sens heureuse car je fais quelque chose de créatif au lieu de macérer dans ma tristesse et mes inquiétudes.
Je me sens donc bien mieux et je me débarrasse d’un surplus d’ affaires tout en donnant de moi-même aux autres à travers des cadeaux et des décos faites de mes propres mains. C’est cool, non?
En revenant à l’essentiel, je me sens moins noyée dans la mer d’inquiétudes et de choses qui m’entourent et ne me servent pas à grand-chose, ou tout simplement plus à rien.
En fabriquant quelque chose de mes mains, aussi petite soit-elle, je crée et je donne et pour y parvenir, j’ai dû apprendre quelque chose donc je me suis améliorée d’une certaine façon. Au final, ces mois qui devenaient stressants m’ont permis de me concentrer sur ce qui peut m’aider et apporter quelque chose à d’autres personnes alors merci mon Dieu de fermer la porte à ce qui me stresse et me rend malheureuse afin que je puisse finalement voir qu’avec du temps et peu ou pas d’argent, on peut faire beaucoup et donner.
C’est toujours constructif de se demander à qui ou quoi peut-on être utile dans cette vie et dans ce monde car il y a toujours quelque chose à faire, une cause à défendre… et si l’on veut que les choses s’améliorent, il semble toujours juste de commencer à le faire soi-même. Moi, je ne voulais plus stresser, me sentir inutile ou créer plus de déchets et aussi petite soit ma contribution, j’y suis parvenue et je ne compte pas m’arrêter ici. Il n’y a pas de limites : on peut tous le faire, une petite chose à la fois.
Je suis très heureuse car j’ai fait de l’Art, je ne me suis pas limitée, j’ai donné de moi-même à quelqu’un, j’ai même entraperçu des opportunités dans l’obscurité… Tout ça, c’est un peu l’Art de vivre en fait, non?
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